de luna » Dim Juil 19, 2009 12:15 pm
Je viens de terminer la lecture de la promesse et oui j'ai été longue.
Je risque de me faire des ennemis dans les rangs cependant ce n'est que mon avis et je respecte ceux des autres. Je n'ai pas lu les autres commentaires pour le moment, je préfère livrer ma pensée brute quant à ce livre.
Alors ce livre n'est le meilleur que j'ai lu de notre MC national, noté que je le trouve très bien mais il ne m'a pas mis sur le popotin comme certain, la palme revient aux Arcanes pour ça. Même si je n'ai pas trouvé l'issu, cette fin était d'une évidence implacable.
J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce livre, le sujet déjà traité n'est pas simple mais ce n'est pas ça, quand on a lu la trilogie on sait pertinemment qu'il s'est passé un drame, à savoir lequel on est dans le flou total, mais pour ma part j'avais cette ombre qui m'a gâché un peu ma lecture. Voilà pourquoi j'ai tant traîné, car un Chattam ça se lit plus vite d'habitude !
Maintenant, on retrouve une noirceur caractéristique, l'homme dans toute sa splendeur consommatrice, avide, sans morale, adepte d'excès en tout genre, pour sa simple satisfaction, et prendre le pouvoir d'une certaine manière.
MC pose l'idée de démon, à cela on peut aisément associer l'idée d'ange, qui est ange et qui démon ? On trouve l'opposition du bien et du mal, de l'homme et de la femme, de l'Homme et de la bête.
Un part mystique se tisse, laissant poindre la notion de croyance. Quand l'homme ne peut plus faire face, en prise avec des démons, qu'ils soient de chairs ou intérieurs, il se tourne vers la croyance, vers tout et n'importe quoi de façon à se prémunir contre le mal. Quitte à utiliser des formes cabalistiques de protection. En fait pour que les démons existent il suffit d'y croire.
Rubis et ses « amies » y croyaient, ils étaient plus seulement des pervers à enfermer, mais de véritables démons incarnés. Et leur seule chance de leur échapper, qui dans d'autre circonstance aurait été la police, était de se tourner vers une autre forme de croyance et puis la mort salvatrice purificatrice, une catharsis éternelle.
Ce qui est troublant dans cette histoire, c'est de voir comment un homme saint d'esprit, libre, à la vie rangée, plonge tête baissée dans ce piège. A tout moment il aurait pu dire stop, MC l'écrit noir sur blanc je reprends ses mots, mais une espèce de soif putride et incontrôlable le fait aller de l'avant. Il se noie dans cette noir descente. Pourquoi : parce qu'il est journaliste, parce que cette fille l'a touchée, parce qu'il crie vengeance, parce qu'il le doit au monde, parce qu'il a besoin de nouvelles sensations, parce qu'il se meure de l'intérieur, parce qu'il est en proie au doute sur la condition humaine, parce que dès lors qu'il franchit la porte de cette rencontre le piège se referme instantanément, … on pourrait trouver tout un tas de raison qu'il le motive.
Mais l'Homme est avide et curieux, un voyeur de la misère pour se conforter dans son propre luxe, de voir le monde qui l'entoure le monde sans artifice et se dire qu'au final il est gâté, il veut se rassurer sur sa vie parfaite, trop peut-être.
Cette descente en enfer ouvre à Brady son esprit, sur sa condition, d'homme, de mari, de voir à quel point tout peut basculer en une fraction de seconde, voir en sa femme, la Femme de sa vie et de comprendre à quel point il l'aime. Même s'il lui ment, souvent par omission, il ne le fait pour ne pas la blesser. Je dirais même qu'il aime à un tel point que la simple idée de lui faire du mal, le rend malade.
Certains diraient que mentir c'est trahir et trahir ne pas vraiment aimer, je dirai que tout dépend de ce qu'on cherche à cacher. Ici Brady ferait tout pour Annabel, même la perdre pour lui éviter l'horreur insondable de son âme. Il est prêt à tuer, mourir, pour qu'elle voit en lui l'homme qui l'a été pendant de nombreuses années, sans cette noire face. Alors c'est peut-être égoïste mais quand on aime on devient égoïste, vouloir l'autre pour soi seul mais n'est-ce pas naturel ?!
Et croyez-vous que Jack soit mieux, croyez-vous qu'il n'est pas aussi noir que les autres, qu'il ne trahit pas, qu'il ne ment pas, il est pareil.
Le problème de l'Homme est qu'il parle mais ne communique pas, qu'il entend mais n'écoute pas. L'homme et la femme se parlent mais ne se comprennent pas, car leur échelle de valeur n'est pas la même. Leurs préoccupations ne sont pas les mêmes, et il faut faire de grands efforts pour apprendre à s'écouter mutuellement pour ne pas tomber dans le piège de ce défaut de langage.
Brady et Annabel en font les frais, ne pas faire de la peine à l'autre, croire qu'il lui serait incapable de comprendre, penser qu'il est bien de cacher l'horreur que de la montrer. A force ne de pas se parler avec le cœur, on en vient à ne pas véritablement connaître l'autre. Annabel est quelqu'un d'intelligent, impétueux, courageux, téméraire, elle aurait pu comprendre l'ensemble de tout ça si seulement Brady lui avait laissé sa chance, ou plutôt s'il lui avait fait confiance. Il tente de la protéger du monde qu'elle côtoie tous les jours, mais au final il lui aura fait plus de mal en lui disant rien.
Alors tout ce que la fin dévoile ne me surprend pas, le monde que MC décrit est tellement vicié que cette fin est logique. L'homme manipule pour s'octroyer une forme de pouvoir pour le coup jouissif, l'essence du mal en quelque sorte.
Brady meurt de l'amour égoïste d'un autre, un amour vicié lui aussi. Incapable de comprendre, ne voulant surtout pas comprendre au risque d'avoir de la compassion et d'arrêter son geste. Pour avoir le privilège d'être celui qui reste.
La confiance se mérite, mais l'aveuglement nous cache des vérités absolues, des vérités qu'on ne veut pas prendre en compte, surtout pas. Ses œillères que nous nous mettons sont nos bourreaux. Si sa confiance il l'avait donnée à celle qui le méritait, il serait encore de ce monde.
Suis-je pessimiste quant à l'avenir du monde puisque cette fin ne me surprend pas?
J'ai envie de croire que certaines personnes sont de bonnes personnes et qu'il existe peut-être une issue à cet amas sociale qui égrène les esprits, les cœurs, les âmes... Avant de comprendre que Brady serait précipité dans l'abysse qu'il combattait, j'ai voulu croire qu'il ne mourrait pas, qu'il se réfugierait loin sous la surface pour dissimuler au monde et à sa femme, sa face cachée, celle qui lui a donné la force de tuer. J'avais envie d'une forme de happy end, seulement le monde n'est pas un conte de fées à la Disney !
Désolée d'avoir été si longue, je reviendrai peut-être sur certains points. C'était ma pensée brute sortie directement après la lecture. Elle doit encore mûrir pour en comprendre toutes les dimensions.
Merci à Maxime comme toujours pour ces réflexions qu'il nous amène à faire sur le monde et surtout sur nous.
Vous ne possédez pas les livres, ce sont eux qui vous possèdent !
On rencontre sa destinée - Souvent par des chemins qu'on prend pour l'éviter. Jean de la Fontaine