C'est évident ... on n'a pas du tout le même profil de tueur dans les deux nouvelles.
Celle de Raphaël Cardetti parle d'un érotomane. Le personnage est d'ailleurs très caractéristique quand on regarde la définition:
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L'érotomanie est un état passionnel qui se déroule en trois phases :
La phase d'espoir : la plus longue, où le malade espère que l'être aimé va se déclarer ouvertement ; la plupart du temps, l'érotomane reste fixé, névrotiquement, à cette phase.
La phase de dépit : le malade tombe le plus souvent dans la dépression ; il est agressif, voire suicidaire.
la phase de rancune : l'agressivité se tourne vers la personne aimée et peut mener au meurtre.
Cette maladie touche majoritairement des femmes, exceptionnellement des hommes. L'objet de l'érotomane est donc généralement un homme dont le statut social est plus élevé : acteur ou homme de spectacle, professeur, avocat, médecin, artiste, écrivain, politique, présentateur télé, parfois prêtre. L'érotomane est d'abord persuadée que c'est l'autre qui l'aime en secret ; que c'est l'autre qui - le premier - fait des avances, mais qu'il n'ose pas ou ne peut pas se déclarer ou encore qu'il fait tout pour dissimuler son amour. Cette illusion liminaire prélude aux phases d'espoir, de dépit puis de rancune.
L'érotomane cherche à entrer en contact avec son objet, persuadée que c'est lui qui le souhaite. Elle lui téléphone, lui envoie des messages, le suit, s'immisce peu à peu dans sa vie en se rendant à son domicile et en tentant de pénétrer son intimité ; elle l'attend des heures dans les escaliers, lui écrit constamment des lettres, s'approprie ses amis, sans que l'objet de cet amour délirant ne s'en doute.
Le malade écoute d’abord les avis de son entourage avec une certaine indifférence. Puis, elle les refusera, son mal va grandir en son être, donc la colère voire la haine. Toute idée qu'il a sera une source de cette paranoïa amoureuse (« il a reposé un objet au mauvais endroit, cela veut dire qu'il m'envoie un signe »). Il s'en rendra malade, que ce soit psychologiquement ou physiquement. Sa vision de la réalité et de son environnement, tout se déforme et empire ; le malade ne mange plus, sa source de vitalité ne provient que de l'objet dont il est épris, plus rien d'autre n'a d'importance (possibilité de perte de contacts avec ses amis et sa famille) et il peut rester des heures (voire des jours) à attendre un appel, un signe ou à passer ses journées à suivre, observer et harceler l'objet de son désir.
L'érotomanie est une grave maladie mentale avec un trait de caractère durable : elle peut durer des années, et même toute une vie.
bref, complètement le personnage de Cardetti ![/spoiler]
Le personnage de MC est un psychopathe qui est dans le déni de la réalité... comme l'a parfaitement bien expliqué Cadice: aucun code moral, sans foi ni loi. Ce n'est pas du tout dans nos modes de pensées et de compréhensions...
Et c'est là que cette nouvelle est une prouesse: entrer dans la tête du tueur, ne pas seulement la décrire de l'exterieur comme dans un roman, mais vraiment, montrer de manière subjective ce qu'est la folie, sans fioriture, que du brut !
Evidemment, ça met mal à l'aise, la lecture est difficile car très violente, mais au final, c'est un sacré voyage que d'entrer dans la tête d'un fou !!!! Cette nouvelle n'est pas faite pour être belle, mais pour être plausible !
Et là, je suis peut être à côté, mais selon moi, pas de message de l'auteur à intellectualiser , juste une volonté de montrer vraiment ce qu'est la folie, le mal... mais de l'intérieur.
En tout cas, cette nouvelle m'a bien scotchée. La lecture a été laborieuse, beaucoup de sensations dérangeantes et désagréables, envie de sortir de cette tête malsaine, mais au final, je trouve que c'est très réussi...
"Finalement, il nous fallut bien du talent pour être vieux sans être adultes" Jacques Brel