Bon et bien j'aurais le plaisir d'enchaîner après Auryn (plaisir double quand je vois qu'elle a bien cerné les clins d'oeil, c'est bien, ça fait de moi son Gert Brussin ou Locard comme vous préférez
)
Et vous aurez le plaisir d'avoir mon impression à chaud.
Ca fait bien longtemps que je n'avais pas été aussi enthousiasme à la lecture d'un Chattam. Non pas que je m'ennuie à le lire mais je trouve que depuis Prédateurs, voire même bien avant (c'est dire si ça remonte) il a tendance à ressortir souvent le même schéma d'écriture : les fausses pistes qui nous amène d'un suspect à l'autre pour mieux nous piéger au final. Heureusement que son style reste fluide et qu'on accroche (pour ma part) mais quand même, depuis Léviatemps et Le Requiem des Abysses, j'ai eu comme une indigestion de fausses pistes au point de me sentir floué en prenant du recul...
Et là, La conjuration Primitive arrive. Bon, je ne me suis pas précipité dessus en librairie j'avoue, mais comme on me l'a mis dans les mains, je me suis dit que ça me sortirait un peu des jeux vidéo et de la littérature jeunesse
Je dirais pas que j'ai dévoré le livre mais j'ai pris mon pied, vraiment ! Et là je confirme ce que disent déjà beaucoup : c'est sans doute l'un des meilleurs de sa bibliographie !
J'ai vu rapidement que certains trouvaient le début un peu lent, pour moi pas du tout, il prend le temps de poser les choses, de présenter ses personnages, d'instaurer son cadre : celui d'une service de police réel, crédible, humain et non pas de pseudo flics qui s'improvisent détective. Là non, on a affaire à des gens entraînés, dont c'est le métier, et qui galèrent comme doit sans doute galérer de temps en temps ce service dans des situations de ce genre.
Bref, je trouve au contraire que c'est bien rythmé... la visite à Mikelis pour signaler que l'enquête a déjà démarrer et se trouve dans une impasse, l'événement de la gare, l'enquête sur Joseph Selima et qui s'enchaîne sur la découverte de *e... bref le récit va crescendo du début à la fin et si ça démarre aussi lentement, vous remarquerez qu'il n'y a AUCUN temps mort dans ce bouquin ! Même les voyages, que ce soit en région parisienne, en Ecosse ou en Pologne, aucun ne souffre d'une retombée de rytme et certainement pas le final en apothéose au Canada !
Et puis surtout...
Passer d'un point de vue à l'autre m'a légèrement gêné au début, car on change radicalement de façon de penser et de rythme, ce n'est plus la même personne, bref, il faut se réajuster... mais ça va tout seul et rapidement on est pris dans ce nouveau point de vue qui finalement se rapproche assez bien du premier.
En tout s'enchaîne encore très vite, sans temps mort, sans plus de pause "dîner entre amis", non, là on connaît notre perso, on découvre ce qu'elle ressent, on mène l'enquête et on tombe de nouveau juste...
Et on enchaîne une 3e partie où on ne voit plus rien venir du tout. Bon là, j'ai envie de dire que c'est à l'américaine, faut que ça finisse dans un gros fatras de balles, d'impacts et de sang. Et au fur et à mesure, je me disais : "qu'est-ce qu'il se passerait si tous les héros d'une histoire meurent et que les méchants gagnent ? "
Je ne suis pas assez gros lecteur de polar pour savoir si ça a déjà été fait et si c'est réussi ou non, mais je trouve que ce serait quand même assez osé !
Bon et vous n'y couperez pas (je commence ce que j'ai terminé, encore une fois c'est mon côté Brussin qui prend le dessus... je vous ai dit que l'un des romans avec lequel j'avais le plus pris mon pied était Le Fracas de la viande chaude ?
Ok, plus personne ne veut que je vienne aux rencontres maintenant
))
Comme je l'ai dit donc, vous n'y couperez pas, je continue (malgré la grosse pause mais que j'espère que certain(e)s d'entre vous combleront) :
Les thématiques dans l'oeuvre de MC !!!
Là encore on retrouve bien les thématiques : les lieux désaffecté à commencer par le squat de Sélima mais aussi la mine de Wieliczka avec ses loooooongs couloirs vides et surtout le labyrinthe infernal de Val-Segond (à la manière d'un Kubrick qu'on aura tous reconnu), bref, les lieux propres à l'errance et au suspens. On retrouve moins la forêt dans celui-là, même si elle est quand même présente entre le Bois-Larris et la plaque du premier tueur.
Les clins d'oeil réccurents, souvent à des films comme Shining et je suis sûr d'avoir déjà vu le deus ex machina de la fin mais je ne sais plus dans quel film, mais aussi, et de plus en plus, à ses propres oeuvres : Autre-Monde, La Trilogie du Mal (oui, j'ai pouffé comme une gamine quand j'ai vu arriver les mots "détective privé américain" (et je vois déjà comment mettre en scène la séquence parfaite)) et il va même jusqu'à se citer lui-même, histoire de rappeler que son Oeuvre est une vision peu commune de la société qu'il cherche à nous démontrer par différents moyens.
La quête initiatique de ses personnages : ici on peut affirmer sans se tromper qu'Alexis et Ludivine cherchent la paix intérieure mais qui ne pourra se trouver qu'en exprimant leur rage et leur violence...
Bon on pourrait aussi dire que tout le roman est basée sur l'initiation des différents tueurs de Brussin et Locard même si on en parle peu.
Et surtout, mon thème : le destin de l'héroïne tragique et du couple maudit : à peine ensembles, à peine séparés ! Et la jeune policière devra vivre avec des choses assez lourdes sur la conscience, des choses qu'elle n'avait pas voulu, plongée au coeur d'une situation des plus tragique au point de tenter un acte suicidaire.
Bon, voilà pour ma lecture. J'espère en lire d'autres. Et j'aurais quelques questions à poser à Maxime si l'un d'entre vous veut bien s'occuper de lui transmettre lors de la rencontre (et de me rapporter les réponses par la même occasions) :
- Quelle est la ville qui a servi de référence à Val-Segond ? (je suis assez curieux du type d'architecture)
- Comment un auteur choisi le nom de ses personnages ? (Est-ce qu'il y a un sens particulier ou est-ce qu'ils sont pris au hasard dans les pages blanches ?)
- On a tous, ou presque, suivi la visite de la mine de Wieliczka en direct via Twitter et du coup je me demandais comment Maxime faisait-il pour sélectionner des lieux ? (En gros, est-ce que c'est l'histoire qui va lui faire chercher un lieu précis ou est-ce la découverte d'un lieu qu'il va trouver intéressant et donc le travailler pour en faire un décor ?)
- Il est rappelé dans le roman que la plupart des tueurs en série opèrent en solo et qu'à de rares occasions ils forment des duos, mais est-ce qu'il existe déjà des rassemblements plus importants, ou plutôt des synchronisations de meurtre ?
- Dans ses romans on assiste toujours à une magnificence des tueurs en série : l'espèce qui pourrait dominer le monde mais dans la réalité ? On rappelle bien que les tueurs en série sont méthodiques et surtout qu'ils agissent par pulsion et que du coup, ils seraient incapable de gérer une société, même basée sur le chaos, donc est-ce que ses romans autour du Mal avec un grand M, sont un choix "éditorial" de sa part et donc fictif : "là je vais décrire le Mal sous une forme qu'elle pourrait prendre" ou est-ce qu'il croit vraiment ces propos ?
Le Mal existe sinon comment justifier le Bien ?
(ouais je sais, il est tard, je vais me coucher, bisou et merci d'être arrivé à ces lignes
)