Tout comme vous, j ai adoré ce nouvel opus. Je ne dirai pas que je le préfère à Léviatemps : ils sont indissociables. Le Requiem ne serait pas sans Léviatemps (il aurait même presque été judicieux de marquer "Léviatemps 2" pour bien respecter l'ordre de lecture).
On est restreints aux déductions et interprétations de Guy de Timée. Il cantonne son entourage et le lecteur à SA vérité. Et c'est là qu'est le véritable tour de force, nous mettre dans la même position que le héros, nous forcer à penser comme lui (ce qui agace d'ailleurs), à adhérer à ses certitudes et au final, nous donner la même claque : héééé nooooon, ratéééé, vous avez été manipulés !
Le Requiem des Abysses est donc en cela un éclairage multiple: d'une part, une mise en lumière de l'intrigue, des personnages. D'autre part, une lumière sur nous qui comme Guy de Timée nous sommes laissés entraîner dans une vérité qui n'était pas LA vérité. Nous nous sommes fait piéger comme le héros, après avoir ressenti ses émotions, ses sentiments, ses peurs. Un vrai cauchemar qu’il s’est imposé au final. Et à la lecture de la définition du "mal", on se rend compte que l'on est tous, à différents degrés, concernés.
J'ai aimé ces endroits, ces ambiances champêtres, l'atmosphère du Paris de l’expo universelle retrouvée
. Les personnages sont tout aussi attachants voire plus, on aime leurs failles, leur complexité (mais pas forcement leur destinée) et leur histoire, qui nous rappelle celles des couples vus dans les précédents romans (et pour cause).
J'ai aimé le style (notamment cette phrase "le fusil donna naissance à la mort", j adore !), le rythme, le mystère
(mais il aurait dû regarder ce qu' il y avait sous la table de voyance. Le mystère c'est bien un moment mais bon... )], le suspens et tout ce qui est du perceptible . L’épitaphe a été le bouquet final : la baffe !
Ces romans ressemblent à une synthèse des thèmes des autres romans de MC : manipulation, croyances, nature profonde, ombres / lumières, sous-sol/ surface, vérité/faux semblants, les personnages... J'ai cru voir aussi dans ce roman le thème de renaissance (les crimes, et la durée du roman depuis le départ de Guy de sa vie d'avant: 9 mois) mais bon, on va calmer les interprétations et tirer des leçons du roman hein
Mais si ce diptyque apparait comme une synthèse, une pierre blanche qui marque une étape supplémentaire : qu'est ce qui nous attend ensuite ?
"Finalement, il nous fallut bien du talent pour être vieux sans être adultes" Jacques Brel