Bien, je n'avais pas encore donné mon avis, et pour cause, je ne l'ai fini qu'hier soir.
J'ai pris le temps de parcourir vos différents avis, étonné et surpris, parfois d'accord, parfois un peu moins, mais c'est bon de voir que ce livre, bien ou pas, donne matière à discuter.
Pour ma part, j'ai assez bien aimé, sans plus l'élire comme le roman du siècle.
J'ai d'abord été surpris par le changement radical de style, plus étoffé, plus poussé, plus pointu, plus mature oserais-je dire, et comme pour chaque nouveau livre, il me faut un temps d'adaptation pour rentrer dedans, comprendre ses personnages, les motivations.
J'ai beaucoup aimé la profondeur des personnages, cette maison close qui est une sorte de lumière dans le noir, chacun de ses habitants ayant des secrets noirs dans leur coeur, comme le bout du chemin des exilés avant un nouveau départ.
Comme il a été dit, Guy est trop. Normal puisque c'est lui qui raconte. Mais Gy fait tout, sait tout et devine tout. Et comme d'habitude avec ce genre de personnage, il fonce tête baissée vers là où ses suggestions lui disent d'aller et découvre après coup qu'il s'est trompé.
C'est dommage car les autres personnages : Faustine, Perrotti, Gikaibo, Julie aussi, même le Roi des Pouilleux mériteraient d'être développés, car Maxime nous laisse sentir leur épaisseur sans pour autant nous la montrer.
Le Paris du XIXe siècle, j'en attendais beaucoup, j'en ai été plutôt déçu. J'ai eu du mal à m'imaginer les ruelles, le lieu de l'exposition malgré tout ce qui en est dit. Sommes-nous sur le Champ de Mars? Sommes-nous sur le quai Branly? Aux Invalides ? J'ai beaucoup de mal à situer la place pris par l'expo. En fait je m'attendais à trouver une sorte de guide, Maxime est animé dès qu'il parle de l'expo universelle, et je trouve dommage qu'il n'ait pas plus développé autour de ça avec des anecdotes véridiques.
Et puis je suis surtout déçu de ce qui n'apparaît pas dans le livre au sujet de Paris. Dans es précédents romans, Maxime donnait des anecdotes, et Paris est une ville qui s'est construite avec l'Histoire, qui s'est construite SUR l'Histoire, (certains savent comment je me suis passionné pour l'Histoire de Paris il y a quelques temps) et je trouve dommage que Maxime ne se soit pas servi de cette mine d'or qui lui était offerte sur un plateau d'argent. Rien n'est dit sur la Tour de l'Horloge, cité 2 fois pourtant, alors qu'il s'agit de la 1ère horloge publique, et qui n'est pas dans son état originelle, la seule tour carré des 4 tours qui longent la Seine. Peut-ce que ce sont des détails inutiles, et pourtant, si les personnages n'avaient pas fait fausse route, ils auraient pu en déduire des choses bien plus tôt.
Grosse déception pour ma part, j'ai essayé de regardé si la Monjol existait encore via Google Map, (repérage avant une excursion) mais Maxime l'a confirmé lors de sa dédicace, de cette rue il ne reste qu'une impasse, avec une panneau de l'Histoire de Paris que j'irais lire à l'occasion. J'aurais tellement voulu voir à quoi pouvait ressembler ce lieu tel qu'il était décrit, avec cet univers sordide.
Bref, je ne me baladerais sans doute pas dans le Paris du XIXe avec Léviatemps pour guide, j'en attendais sans doute beaucoup trop.
Il me reste encore tant de choses à dire. Le corps de cette horloge humaine me renvoie une fois de plus à un personnage de jeu vidéo, la célèbre Jehova de Final Fantasy VII qui est aussi une sorte de mécanique organique, pareil à un arbre sur lequel les branches seraient remplacées par des bustes remuants et prisonniers du tronc. (ce n'est pas exactement l'image de Jéhova).
Pour la fin, je la trouve très bien. L'histoire se conclut, on ne sait rien des motivation d'Hubris mais a-t-on vraiment besoin de savoir? Pour moi Hubris, qui n'est d'ailleurs pas son nom (et qui est un peu trop souvent répété à mon goût) voulait contrôler le temps dans sa chair. Le temps est-il un être vivant ou une mécanique complexe?
Bref, et pour ce qui est de ce nouveau départ, je le trouve parfait, l'histoire prend fin sur une ouverture sans que l'on attende forcément la suite. On sait qu'il va se passer des choses, même si Maxime ne l'avait pas dit, on l'aurait deviné. Et du coup je n'attends pas avec impatience cette suite comme ce pouvait être le cas avec Autre-Monde.
Enfin je ne peux m'empêcher de comparer ce roman historique avec un autre, celui, ou plutôt ceux, de Bob Garcia sur le personnage de Sherlock Holmes. Car Guy se veut une sorte de Sherlock Holmes, mais il n'en a pas l'efficacité naturelle. Quand à l'ambiance restituée des pavés, Bob est mieux parvenu à me transporter que Maxime dans les ruelles infâmes.
Mais je suis content quand même d'avoir découvert ce roman, ces personnages, cette créature.
