Emeline a écrit:In tenebris est aussi mon préféré !!!
- J'adore tout d'abord la critique de la société de CON-sommation et il y a une citation qu'il me plait beaucoup de citer :
Vous voyez la foule. Les gens. Des troupeaux entiers de consommateurs. Ceux-là même qu'on appelle les humain, vous savez, ceux qui sont au sommet de la chaîne alimentaire, les maîtres du monde. Entre-nous, vous trouverz qu'ils font maîtres du monde, vous, tous ces abrutis dans les galeries commerçantes ? A bafrêr, à dépenser tout le fric qu'ils vont devoir retourner gagner des le lendemain matin. A jeter leur déchet n'importe où, en vrais parasites sur cette terre.
Voilà , en plus, le discours final de Murdoch toujours sur l'homme et la société de consommation m'a glacé le sang et il faut bien avouer que je suis plus ou moins d'accord avec lui... Il est a noté les victimes et leur code barre dans le cou !
- J'ai beaucoup aimé Brolin dans ce livre car il est très blessé, très mélancolique et il continue plus que jamais ses analyses psychologique, son profilage est plus important, plus profond, plus...comme je l'aime !
- J'ai aussi adoré la rencontre entre Brolin et Annabel... La rencontre entre deux âmes solitaires et mélancoliques qui se comprennent sans se parler ! Chacun sait ce que l'autre ressent.... Je rêve d'un amitié comme celle-ci !
- J'aime bien aussi la cour des miracles, j'avais l'impression d'y être...
- Un seul problème avec ce livre : il m'a beaucoup coupé l'appétit... Quand vous êtes en train de le lire et que d'un seul coup : "Emeline, à table", vous descendez et vous trouver dans votre assiette de la viande rouge...
Au coeur d'une grande ville, un homme dit à une femme «Observez autour de vous et dites-moi ce que vous percevez »
Elle tourna le regard vers la crête hérissée des immeubles de la cité. Ils grimpaient vers les nuages à la manière de fusées titanesques, fourmillant d'activité. En face, la ligne grise du métro et de ses grues était plongée dans une délicate brume d'hiver. Derrière la femme, la colline montait en pente raide, on ne distinguait plus la terre, ni les arbres, il n'y avait plus que les constructions humaines jaillissant de toute part, qui lui firent l'effet d'une case de Monopoly saturée. La voie express ne désemplissait pas : un ruban polluant et bruyant. La jeune femme avait fait un tour complet sur elle-même. Le clapotis l'attira. Des sacs plastiques flottaient sur l'eau, semblables à des méduses industrielles. Plus loin, un bidon vide jouait avec la surface à côté d'un préservatif. L'homme était partout. Le conquérant victorieux d'une terre qui n'était pas en guerre.
La femme releva vers l'homme un regard blessé. Sa voix fut douce.
« Je ne sais pas? un paysage morne ?
L'homme cligna lentement les yeux. Il parla avec une totale absence d'émotion, un simple constat.
« Ca, c'est l'apparence : l'industrialisation, la pollution, mais au-delà vous voyez ce que tout être contemple dés son réveil : la consommation. A outrance. Partout, toujours plus. Les publicités prolifèrent, avec encore plus d'études pour les rendre plus sournoises, pour améliorer leur impact. Ce que vous voyez tous les jours, c'est un monde qui ne vit plus que par le marketing, par l'étude de la communication, et pas dans un but philanthropique, oh non, c'est dans l'idée d'améliorer la consommation. Cette société n'évolue plus que dans ce sens. Dans tous les domaines, même la religion, regardez, aujourd'hui les croyances ne sont plus des convictions, mais des choix ! Les magazines vous dressent des tableaux comparatifs avec les défauts et les avantages de chacune, et son se choisit une spiritualité, quitte à en changer plusieurs fois au cours de sa vie. La religion devient un moyen de mieux vivre, de mieux appréhender sa condition de mortel, on ne vit plus pour un Dieu, on y croit pour soi, et on vous le vend comme une forme d'anxiolytique spirituel, adapté en fonction des goûts.»
La femme s'adossa à l'un des piliers du ponton, attendant de voir où voulait en venir l'homme.
« Nous ne nous construisons plus pour respirer un air pur, continua-t-il, pour aimer et jouir du peu de temps que nous passons ici-bas en étant en harmonie avec l'essence de la vie ; non, peu à peu, nous glissons vers un modèle synthétique. Nous nous robotisons ; les êtres se font de plus en plus au travers de ce qu'ils possèdent, du temps qu'ils consacrent à leur emploi avant de disparaître. Regardez autour de vous. Qui écoute-t-on ? Qui dirige cette société ? A qui obéit-on ? Aux consommateurs. Aux productifs. Aux conformateurs. Aux robots de cette terre. »
Un sourire amer lui écorcha les lèvres. La femme secoua la tête, elle partageait le fond de son discours, mais il en rajoutait tout de même, elle l'interrompit :
« N'exagérez pas, on n'est pas dans un film de science-fiction !»
« Non parce qu'il y'a un siècle ou deux, un roman qui aurait raconté ce que le monde est aujourd'hui aurait été considéré comme une absurdité, une horreur impossible. Vous trouvez que j'en fais un peu trop, n'est-ce pas ? Pourtant tout ça est vrai. Autrefois, l'homme vivait ou survivait pour avoir des enfants, pour aimer une femme. Les anciens systèmes étaient basés sur une pyramide, en haut il y avait les dominants, peu nombreux, et en bas les dominés.
Ces derniers étaient exploités, souvent utilisés comme de la chair à canon, l'espérance de vie était courte, ils cherchaient leur bonheur dans les choses simples de l'existence, aimer et être en vie. L'essentiel.
Ceux d'en haut avaient le pouvoir, parfois peu, parfois beaucoup. Et ils avaient le temps. Le pouvoir et le temps les rendaient exigeants, ils voulaient toujours plus, plus de terres, plus de villes, plus de femmes, plus de dominés, c'était un monde de guerre? Aujourd'hui on a changé tout cela. On a voulu donner un peu de pouvoir à tous, et ce pouvoir s'accroît à mesure que l'on donne de son temps à la société. Et l'homme continue d'en vouloir plus, toujours plus, il tombe dans une spirale frénétique. On a remplacé les guerres quotidiennes par le travail, les batailles font toujours autant de victimes, mais elles sont moins visibles. Ces guerres d'aujourd'hui ne tuent presque plus d'hommes, elles tuent l'humanité.»
« Elles font de nous des machines »
La femme frissonna. C'était la première fois qu'on mettait des mots sur ce sentiment croissant qui l'habitait. Cette impression que, peu à peu, le monde glissait. Elle se fit pourtant l'avocat du diable :
« Je crois que vous noircissez le tableau, ce monde rend heureux beaucoup d'hommes et de femmes, contra-t-elle.»
« Evidemment. Vous connaissez l'histoire de la grenouille que l'on trempe dans l'eau bouillante, je présume ? Aussitôt mise à l'eau la grenouille en sort d'un bond. En revanche mettez-la dans de l'eau froide avec un décor qui préserve les apparences pour qu'elle se sente dans son environnement, et faites monter progressivement la température de l'eau, tout doucement. La grenouille ne bougera pas, même lorsque l'eau sera bouillante, et il sera trop tard.»
Il engloba d'un geste ample tout le paysage et ajouta :
« C'est exactement ce que nous faisons avec nos existences !»
La femme pouffa, cette fois il allait trop loin.
« Vous savez ce que vous êtes ? fit-elle sans méchanceté. Vous êtes parano et pessimiste ! On doit avoir confiance en cette société, en ce système.»
L'homme hocha tristement la tête. Elle illustrait avec exactitude ce qu'il venait de dire. Puis il reprit de plus belle ;« Nous sommes même parvenus à transformer l'amour en un bien de consommation. Accumuler les ébats, les proies, se marier à la va-vite, comme ça, par folie, pour changer aussitôt. C'est un monde de consommation.»
« La devise de chaque personne pour être dans ce monde ressemble à cela : pour être, il faut avoir.
Il faut avoir un numéro de sécurité sociale, avoir le permis, une maison, une femme ou un mari, des enfants, une grosse télé, avoir encore et toujours de nouveaux vêtements, de nouveaux cédéroms, avoir de l'argent pour faite des cadeaux aux autres par plaisir !»
voilà je l'avais déjà mentioné plus haut mais comme tu en parlais.....