Après une escapade dans la trilogie fantastique « Autre-monde », Maxime Chattam remet les pendules à l’heure. Il revient au thriller en jouant avec le temps.
Le lieu et l’époque ? Le Paris de 1900, au moment de l’Exposition universelle. Son héros ? Un écrivain désœuvré vivant au grenier d’un bordel. Et des filles qui meurent, comme marquées par le Démon…
http://www.lavoixdunord.fr/journal/VDN/ ... 9572.phtml– Maxime, vous revenez au thriller…
« Oui. Comprendre le monde qui m’entoure me guide chaque matin. La violence, la mort… Comment fonctionne un individu, quel est son rapport au crime et à la société telle qu’elle est devenue sont des questions qui me taraudent. »
– En situant l’action voilà plus d’un siècle, on croirait parfois lire des passages de Balzac ou de Zola.
« Dans Léviatemps il fallait un ton particulier, une voie à trouver en fonction des personnages. Le style est donc différent d’un thriller qui se passerait de nos jours. »
– Guy de Timée, le personnage principal, est écrivain comme vous…
« J’ai pris un romancier afin de mélanger mes propres réflexions et les siennes. En imbriquant les deux comportements, c’est amusant : ça bascule de son côté et du mien mais c’est équilibré. Le lecteur, comme mes amis, ne peuvent pas facilement faire la part des choses. »
– Dans vos romans, vous aimez jouer avec l’espace et le temps.
« Le temps est à la base de toutes nos joies, nos amours, nos peines, nos… crimes. On défie le temps à travers les faits de la vie.
Personnellement, je ne compte plus en années mais en livres. Le temps m’obsède, je suis passionné par sa façon de s’égrener. »
– Un déclic s’est-il produit ?
« J’ai été fasciné quand mon beau-père m’a offert une montre : le mécanisme miniature, le fonctionnement, la précision. Avec les horloges, ce sont les seuls objets à matérialiser les secondes qui passent. Quand on a la sensation de toucher le temps, c’est captivant. »
– Le Léviathan, monstre biblique, un monstre humain : le titre s’imposait !
« Finalement, je l’ai trouvé assez tard. Mais ça colle bien : la violence ne doit pas être lénifiante et écrite avec complaisance. Avec ses mécanismes, ce livre pose des questions fondamentales, c’est une machine à remonter le temps dans une sorte de “comédie humaine” où est plongé l’écrivain.
J’envisage une suite pour le printemps. »
– Un autre thème vous titille ?
« Ce qui est souterrain, ce que l’on cache au fond de soi ou dans les familles. Pourquoi dissimule-t-on certaines choses ? C’est encore lié au temps, à la peur de vivre, de vieillir, de mourir. Sans en être conscient, il est des pardons qui se nichent partout. Écrire sur ce thème sera ma psychothérapie. »