Déjà dans le style en lui-même j'ai assez aimé, ça change de ce que l'auteur fait d'habitude, il y a peu de dialogues, beaucoup de descriptions, de personnages, de pensées, jamais chez Chattam n'a été aussi "minimaliste" dans cette économie de paroles, quelque part j'ai pensé un peu (comme certains en ont parlé) à Shane Stevens pour Au-delà du Mal et aussi Tristan Egolf pour Le seigneur des porcheries... Malheureusement le roman, qui balaie quand même plusieurs décennies, se révèle vraiment très (trop) court ! 350 pages pour autant de personnages, d'histoires (principales et secondaires) c'est très maigre je trouve... Enfin il y a de supers idées comme au début la lutte de religions dans la ville (cas typique américain), et pour le coup j'aurais préféré que ça dure encore plus, bien plus.

Pour parler de la fin, je rejoins assez Poppies : contrairement à beaucoup pour être franc j'ai rarement eu de la haine envers Petersen, enfin sauf au début. Je m'explique : Chattam, progressivement, humanise son personnage, je crois que ce qui est insupportable c'est un personnage pervers et en plus pour qui tout lui réussit, et qui se sent bien dans son statut. Ici Jon Petersen cultive le Mal mais s'en rend plus ou moins compte (ce qui rend le personnage moins... haineux) et surtout, comme tous les autres, il va connaître certaines galères, par exemple à Wichita, constamment rattrapé par son vice. (et en ce sens j'ai un peu pensé au Démon de Selby Junior) Des désillusions aussi, cette femme qu'il croit être la "bonne" alors qu'il n'y a et aura jamais de "bonne" chez lui.
Et quand Riley découvre la "nécropole" après la tempête, je me suis retrouvé peiné pour Jon, limite j'avais pitié de lui... C'est un homme très complexe, pervers et intelligemment socialement pour avoir quasiment ce qu'il veut, mais à côté de ça conscient du propre malaise qu'il crée, de son vice, au fond il n'est jamais heureux. Et pour tout ça je ne peux pas "entièrement" lui en vouloir.
Surtout que Chattam fait exprès, parmi les victimes, d'insister sur Ezra, de sa lente dégénérescence, alors que c'est la seule dont l'auteur n'est pas Jon ! Et le livre termine quasiment là-dessus, sur Cormac et non sur Jon ! Pour le coup j'avais vraiment la haine contre Cormac, pour la comparaison. Les victimes de Jon (à part Hanna) on les connaît peu voire pas du tout (enfin si l'on considère que les membres de sa famille sont des victimes aussi pourquoi pas...), tandis qu'Ezra elle, on a conscience que le viol l'a détruite, et dédouaner Jon dans cette affaire permit aussi de diminuer son "casier judiciaire" si je peux m'exprimer ainsi.
Enfin, quant au pasteur qui ait tué Jon, je ne sais pas. Qu'il soit le narrateur, ça oui. Dans la description du personnage on sait juste que c'est un homme charismatique... Mais rien sur son physique (musculature). Peut-être un détail là-dessus aurait pu faire pencher la balance. Car dévisser la tête de Jon, ça n'est pas donné à tout le monde.
Enfin quitte à être dans le religieux autant y être jusqu'au bout : je tends à croire que la mort de Jon est tellement spectaculaire qu'elle rentre dans l'extraordinaire. Au fond je ne vois pas quel humain aurait pu y mettre fin.