Forum: Dans les Limbes de Maxime Chattam.

J'ai beaucoup aimé le roman, et la fin utilisée.

Il y a juste un élément qui me chagrine : si c'est vraiment le lecteur qui a tué Jon (et j'aime beaucoup cette idée), comment est-ce possible?
En effet, pour que le lecteur puisse le tuer, il faut d'abord que l'histoire soit écrite. Or, étant donné que c'est le prêtre qui écrit l'histoire (cf la fin), l'histoire ne peut pas être écrite si Jon n'est pas tué.... sauf si bien entendu, le prêtre n'est pas, mais qu'il s'agit alors bien de l'auteur (Maxime Chattam) qui l'écrit.
>>> C'est un peu bizarre à expliquer.

Autre chose, le fait que le prêtre soit l'écrivain : je ne sais pas si c'est quelque chose que j'aime ou non.

Un élément que j'aurai adoré (et c'est peut-être le cas, mais dans ce cas j'ai mal lu entre les lignes), aurait été que l'auteur ne soit nullement le prêtre, mais... le Diable.
Parce que dans ce cas, TOUT est révélé subrepticement, sur la quatrième de couverture : l'identité du tueur, ainsi que l'auteur... mais on ne s'en rend pas compte en lisant le texte de quatrième.

Un roman très violent.
Une chute très intéressante, même si je demeure un peu confus car l'histoire du tueur / prêtre qui écrit me semble un peu comme un paradoxe temporel...

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Comme toi CSK je me suis dit que c'était le prêtre l'auteur, ce qui parait le plus évident. Après sachant Maxime plutôt joueur avec les anagrammes, et comme il précise à la fin utiliser un nom évocateur, Alezza est un anagramme de Azazel qui est dans une série (Supernatural), un démon au service de Satan. Peut être juste une coïncidence, cependant il est vrai qu'en essayant de voir la chose avec un peu de distance, ce serait bien possible aussi

Une chose me perturbe quand même: la disparition si subite d'Ingmar...

cf le premier élément de la quatrième de couverture : j'aime donc beaucoup cette hypothèse et pars sur cette idée, merci !
Mais dernière chose : comment expliquer le fait que le lecteur puisse tuer jon avant que l'auteur puisse coucher les mots sur le papier?
Cela me perturbe...

le manque de morts. Il y en a peu, et ce n'est pas du glauque comme souvent dans la description. Ca change de ce que Maxime fait d'habitude.
De même, certains verront de la surenchère dans les scènes de viol, mais je pense qu'elles s'imposaient pour faire éclore les notions qui s'imposent dans la tête du personnage.

Pour répondre à CSK, je ne pense pas que le lecteur a réellement tué Petersen. Le narrateur explique que la religion existe car bcp de personnes l'ont voulue, et qu'il en va de même pour ce meurtre. En l’occurrence, tout le monde veut sa mort, mais ce n'est pas forcément nous qui l'avons tué selon moi. En revanche le fait que tout le monde le veuille, dans le livre comme chez les lecteurs, a poussé quelqu'un, dans le roman, à le faire. On ne sait simplement pas qui, et le narrateur y fait un parallèle et nous "refourgue" le crime. Il est dit dans le roman que n'importe qui aurait pu entrer et sortir par la porte de derrière sans être vu.
Pour faire une métaphore, c'est comme tirer au loto. Si tout le monde achète un ticket, il y a plus de chance que le gros lot tombe pour quelqu'un. Donc quelqu'un va gagner. Le lot va tomber. Mais pas forcément nous. Le lot est ici la mort de Petersen, et en achetant notre ticket (notre ressentiment envers lui) on a augmenté les chances qu'il tombe.
Je ne sais pas si je suis très clair. En tout cas je préfère cette logique à celle selon laquelle le lecteur aurait réellement tué le personnage, qui ne convient pas à mon esprit cartésien.

sur le Diable, ne m'avait pas marqué, mais j'aime bien l'idée en effet. Alezza est en effet l'anagramme annoncé à la fin du roman selon moi. Là encore MAxime laisse le doute entre réalité et surnaturel, à nous de choisir notre camp.

Le narrateur explique que l'avantage de la littérature est de pouvoir écrire l'histoire, et parfois de changer quelques choses pour qu'elle passe mieux. Je ne me rappelle plus les termes exacts, et je n'ai plus le livre sous la main (prêté à ma mère, je suis trop gentil) mais il m'a fait me poser la question de la mort de Petersen. Et s'il n'était pas vraiment mort, mais que le narrateur ne l'avait fait mourir que pour les besoins de son histoire.
Il me semble qu'il dit que c'est dans un livre que l'on peut faire mourir quelqu'un comme Petersen, ou quelque chose de cet acabit. Si vous pouvez regarder ces dernières pages et me redire ce qui est noté .

c'est Alezza le narrateur, et le tueur. Il explique à la fin avoir du changer ou cacher des choses pour couvrir son identité dans le roman. Et il n'avait pas d'alibi sérieux sur le temps passé dans la maison ou entre temps. Et s'il n'avait pas simplement racontée l'histoire, mais qu'il en avait caché des pans pour se couvrir.

Comme déjà mentionné dans ce forum Alezza est l'amalgame d'Azazel. Qui est Azazel? Azazel est un ange déchu, c'est le démon lié au sacrifice du bouc émissaire (vous trouverez plus de détails ici: http://atheisme.free.fr/Contributions/Azazel.htm).

Or Maxime annonce la couleur dès le titre de son roman "que ta volonté soit faite" est expression utilisée par les prêtres lors des prières à l'église, donc Maxime a adopté une approche la Night Shyamalan, il joue avec le lecteur en lui donnant à la fin du livre une information clef qui l'incite à relire ce dernier avec une autre perspective.

La description d'Alezza a toujours été ambiguë, surtout lors du passage où il suit puis aborde Riley. Si nous prenons en compte la mythologie d'Azazel le livre traite également la thématique du bouc émissaire. Jon est d'abord un innocent qui est né dans le sang et porte le péché de sa communauté. Il est abandonné dans le "désert" qu'est la vie en dehors de la communauté de Carson Mills. Il est initié à la violence et à bon nombre de vices par la communauté (tout d'abord son grand-père, puis par Tyler et ses amis et la société (travail, autres gamins et les femmes)).
Au début du livre nous avons de l'empathie pour Jon et du dégoût pour Ingmar puis Jon devient ce qu'il était condamné à devenir.

Riley est son anti-thèse, Jon lui fait subir des supplices pires que ceux qu'Ingmar lui avait fait subir et pourtant il finit par s'en sortir alors qu'à priori il suivait la même pente dangereuse, mais LUI a été aidé et "sauvé" alors que jon a été laissé à l'abandon.

Ce que je veux dire c'est que Jon est notre bouc émissaire, nous l'avons vu (via les yeux du Shérif) entamer cette pente dangereuse, mais nous n'avons rien fait. Mais cette erreur a permis de sauver Riley par la suite.

Quand à ce cher Azazel, après que nous ayons "prié" pourvue Jon soit stoppé, Dieu lui a commandé de faire sa besogne. Ordre auquel il a répondu avec un "que ta volonté soit faite". Il a suivi Riley afin de le protéger et a vu ce qui se tramait.
Jon l'a vu à travers la fenêtre, il s'est interrompu et accepté sa sentence.

Jon a été tué "sans haine" (le père d'une victime l'aurait "massacré" par exemple) mais avec une force surhumaine, ce qui laisse planer le côté surnaturel de la chose.

Donc relire les passages du prêtre Alezza en sachant tout ceci donne une autre dimension à tous ses dialogues.

C'est brillant!

Pour moi, comme il l'explique avec la religion, si tout le monde veut quelque chose, ça finit par exister, par arriver .. et on a tous voulu sa mort à Jon ! Ça nous renvoie quelque part à notre propre noirceur aussi ...
Je pense également que c'est le prêtre Alezza le narrateur et le tueur. Il est le seul qui puisse connaître toute l'histoire puisque Jon s'est confessé à lui. Et concernant le meurtre lorsque le shérif Jarvis le questionne à un moment sur ce qu'il se passerait si un prêtre commettait un meurtre ? Il répond qu'il serait puni sauf si c'est Dieu lui-même qui lui aurait demandé .. On peut donc penser qu'il s'est fait l'instrument de Dieu .. et de notre volonté par là-même ...

Quant à la fin.....Juste cette reflexion sur le fait que oui, on a tous voulu le tuer ce mec, oui on a tous eu envie de passer la barrière du livre pour intervenir et l'empêcher de perpétrer encore un viol, c'est très interessant

Et cette fin qui fait cogiter et cogiter encore et qui ne donne qu'une envie: relire le livre pour se mettre dans le point de vue d'Azazel C'est juste excellent