Après In Tenebris, je me suis plongé dans l'Ame du Mal.
Autant être franc dés le départ : le roman m'a beaucoup plus capté que In Tenebris. Ceux qui ont lu ma bafouille sur In Tenebris doivent en deviner la raison : Maxime Chattam prend davantage le temps de fouiller les personnages, leurs sentiments, leur passé, leurs obsessions. Alors effectivement, avec le recul et la chronologie, une redite concernant le héro eut été rébarbative pour le lecteur ayant déjà achevé l'Ame du Mal. Cependant, quel dommage que les personnages secondaires de « In Tenebris » n'aient pas été d'avantages exploré à l'image de Juliette dans l'Ame du Mal. Car c'est l'une des forces de l'oeuvre : la proximité avec les personnages plus que celle de l'ambiance. Ici on croise des traits de caractères accessibles avant de sentir la moiteur sombre d'une ruelle poisseuse. Les premières pages donnent le ton avec l'addiction internet, ces échanges qui permettent dédire ce que la voix nous interdit parfois, cette impudeur anonyme et rassurante. Les confessionnaux sont désormais des claviers ? Mais l'absolution n'est pas toujours à la mesure des attentes. Si tant est qu'elle soit recherchée. Cette entrée en matière est accrocheuse et maligne : le lectorat adolescent, adulescent ou trentenaire lira facilement derrière les lignes, se représentera sans mal les soirées forum/chat/nouilles chinoises?
Dés lors le roman n'est plus simplement une histoire de serial killer comme il en sort de toutes part dans les séries télévisée, les films ou les romans. Un lien plus personnel peut se créer et il n'y a pas le détachement usuel.
Alors qu'importe les côtés parfois professoraux des explications de la police scientifique, les Experts se sont chargés de populariser tout ça, qu'importe que nous croisions l'éternel et caricatural arriviste-emmerdeur-qui-finalement-va-servir-et-un-peu-changer-qui-sait ou la scène d'étreinte sur la chaise de torture elle aussi un peu caricaturale, on accompagne sans mal l'inspecteur dans sa quête fusionnelle à plus d'un titre.
Concernant la trame en elle-même, elle m'a donné, à l'image de In Tenebris, cette impression paradoxale de novateur en terrain connu? Très visuel, réinvestissant habilement les ambiances d'une génération Hannibalisée et Sevenisée? Pas désagréable en soi?
Ce qui l'a été à plusieurs reprises et ce besoin qu'a eu Maxime Chattam de fournir lui-même l'explication de texte de scènes à comprendre au-delà des mots, comme celle du poulet caressé et exécuté?
De l'Ame du Mal je retiendrai donc surtout, au-delà de l'intrigue de très bonne facture, cette proximité agréable avec des personnages denses intimement liés à l'oeuvre et non juste à son service?