de Harvey » Dim Aoû 15, 2010 7:30 pm
*frottage de mains intense, décrispation des doigts, craquage de la nuque et des vertèbres dorsales, sans oublier de bien chauffer les poignets.* Je crois que je suis prêt à vous livrer mon avis sur cette adaptation. Le deuxième avis. Suisse. Comme quoi...non je ne ferai pas de commentaire chauvin, je vous laisse ça.
Alors...La première scène est bien. Une vue par hélicoptère de la forêt du Vercor qui zoome petit à petit sur une scène de crime. Le lieu du crime est assez bien choisi, la fin d'une cascade, des rochers et un bruit infernal. Jusque là, soit 43 secondes, tout se passe bien. Ensuite Léo Brolin (Brolain !!!!!!!!!!!!!!!!) débarque. Et là, il faut rigoler pour ne pas désespérer. Dès la première phrase, on devine à quel genre de Brolin on aura affaire. Bruno Putzulu campe un Léo ridicule, coincé, idiot (et le mot est faible, j'y reviendrai), simplet, avec un esprit plus Bentley Cotland que Joshua Brolin, autrement dit, plus axé bureaucratique que scientifique et enquête policière. On voit très bien que ce rôle n'est pas fait pour lui, qu'il ne l'aime pas et surtout, qu'il s'inscrit très mal dans la peau d'un "meilleur enquêteur de la région". Pour vous donner une idée de l'idiotie non seulement de Léo mais aussi de Larry Salhindro (dont j'ai oublié le nom en v.adapt.), je ne peux vous citer que cette réplique. Mais avant, un petit contexte s'impose. La scène de l'exhumation arrive. Dans le livre, c'est une des scènes les plus glauques avec cette pluie battante, ce petit engin de chantier qui creuse et cette fameuse tombe vide. Dans le film ça donne: en plein jour, sous un ciel gris, à la pelle (admettons). Et avec Marion Lanski avec eux (ménagère powaa). Ils ouvrent le cercueil, au dos du couvercle, ils découvrent un pentacle (étoile à 5 branches entourée d'un cercle. Je me suis renseigné auprès de mes amis les moins férus d'occultisme et ils savaient ce que c'était) et là, je ne sais plus si c'est Léo ou Larry qui sort cette réplique venue d'on ne sait quel esprit malade: "Etrange symbole. C'est peut-être la marque de fabrique du menuisier." AAAAAAAAAAAAAAAAH, s'il vous plait !!!! Sans oublier que dans le film, il est italien, a un frère (what the hell ?!) et que toute sa famille s'est faite flinguée pour cause de relations mafieuses. Bref, pour faire simple, dans le livre, on a un Joshua humain, palpable, intelligent tourmenté, colossal (QB...) et dans le film, c'est un Léo idiot, ridicule, inspirant la pitié après un certain mépris, dépendant, qui manque d'initiatives. Bref, c'est pas digne d'un Joshua et une insulte à l'imagination de MC.
Au suivant. Camélia. Dont le nom est slave dans le film (encore une fois, je m'excuse de ne pas avoir mémorisé ces noms, comme quoi, ils voulaient tellement rien dire...). Là encore, c'est le festival interplanétaire du ridicule. Camélia ressemble plus à une catin qu'à une femme de la quarantaine. Idiote elle aussi, pour changer. Son comportement et sa façon de jouer reflètent exactement la poufiasse de service...dont l'âge civil relèverait presque du 14 ans. Deuxième scandale, elle décide de se marier avec Deseaux (tiens, un nom gardé, ah non, ils le prononcent "Déss-é-aux"). Elle se prétend aussi mannequin. Rien ne colle avec celle du livre que ce soit au niveau physique ou psychologique, on est aux antipodes d'une adaptation.
Sur le grill: Deseaux. Quarante, quarante-cinq ans tout au plus. On est donc loin du livre, avec ses 65 balais. Cet homme est narcissique, snob et insupportable. Totalement le contraire du livre. Dans le livre, j'ai adoré Deseaux, ce mélange d'aristocratie qu'il n'essaie pas de feindre mais qui ne l'atteint quasiment pas. Une alchimie faisait que ce personnage était très attachant. Dans le film, tout ce que l'on souhaite, c'est de le prendre en photo pour un punching-ball. Ou pas. Il avait un accent dont je n'ai pas réussi à définir l'origine. Ah, et point important, il faisait des "spectacles" de magie. Il tranchait des femmes en deux, ce genre de choses. D'ailleurs, une des femmes tranchée en deux s'est faite tuée par le fils Beaumont.
Chamberlain: grosse surprise. Extrêmement ressemblant au livre. Grand, maigre, vieux, les traits tirés, autoritaire mais un brin paternaliste. Rien à dire sur lui, si ce n'est un bravo, belle performance.
Marion Lanski: j'aimerais bien être comme elle un an après avoir échappé de justesse à un meurtre. Mais dans son jeu, y'avait quelque chose de bizarre. A des moments, elle paraissait extrêmement perturbée par son "accident", puis, la seconde d'après, on la voyait avec Léo dans une salle d'autopsie avec le docteur Folstom. Et encore la seconde d'après, on la voit farfouiller sur le net au sujet de l'enquête. Néanmoins, un bon jeu d'actrice et une belle implication dans le personnage ont satisfait. Cependant, je doute sérieusement que Rachida Brakni soit l'idéal féminin de MC. Une dernière chose regrettable, j'avais plus l'impression que c'était Marion qui faisait avancer l'enquête que Léo. Puis je m'y suis repenché et j'ai remarqué que c'était effectivement le cas. Elle trouve/déduit/devine beaucoup plus de trucs que ce Léo risible.
Les Beaumont: globalement moyen. Leland était pas mauvais. Ce mélange d'adulte/enfant, ces pulsions qui le prennent d'un coup, tout ça était assez bien retranscrit. Le père par contre, ressemblait plus à un Teddybear qu'a un cerveau psychopathe. Dommage, la réalisatrice aurait pu donner une belle dimension à ce film si elle s'était plus appliquée sur ces personnages.
Dernier point: les scène globales, les incohérences, les affronts et le ridicule. Je l'ai dit, Léo ne veut rien dire. Ensuite, il y a la fameuse scène de la technique proactive. Cool, un peu d'action, ça donne un rythme inédit au film, c'est bien placé. Tout part sous les meilleurs auspices. Jusqu'au moment où Léo demande le déploiement. Ca crie à peine et le groupe d'intervention a vraiment l'air de figurants, alors que leur rôle est central dans cette scène. Mais le sommet du ridicule n'est pas encore arrivé. Juste avant de plonger dans la bouche d'égout, Wayne tire sur un policier (dans le livre), il s'ensuit un tonnerre de coups de feux. Dans le film, Wayne lance un couteau dans l'épaule de Larry. Un couteau de lancer !!!! Mais quelle est l'utilité et surtout la logique, la dedans ? Mais aussi, la scène est mal filmée !! Perchée sur une grue, la caméra prend des airs de documentaire alors qu'il aurait été préférable de la mettre au coeur de l'action. Dernière grosse incohérence et frustration: la fin. Juliette est sauvée, Brolin se prend une balle et le père Beaumont aussi. Mais le père survit, marche comme un lapin et a même la force d'hurler les fameuses phrases de l'épilogue du livre.
Je terminerai sur une note d'anecdote de connaisseur. A un moment, un journaliste un peu douteux est interrogé, donc considéré comme suspect. Et il dit filmer ou photographier des snuffs movie pas pour le plaisir mais pour l'argent et il dit que les gens qui sont dans le milieu sont loin d'être des marginaux. Joli clin d'oeil à "La Promesse des ténèbres" !
Donc, si vous vous attendez à une adaptation, comme ça a déjà été dit, passez votre chemin. Si vous voulez du divertissement 20h50, admettons, et encore, je préfère les experts.